L’Histoire des Epiceries Mère Brazier
Il était une fois les mères lyonnaises
Dès le 18ᵉ siècle, à Lyon, la cuisine est aussi une histoire de femmes, celles des célèbres « mères lyonnaises » qui contribuent largement à la renommée gourmande de la capitale des Gaules.
D’origines paysannes, d’abord mises au service des nantis où elles apprennent la cuisine bourgeoise, elles ouvrent ensuite leurs propres restaurants, de généreuses tables où la tradition se déguste à grands coups de fourchette.
Les « Mères », ce sont des femmes gouailleuses, du tempérament à revendre et du bon sens paysan plein le cœur. Leur cuisine de produits frais et locaux donnera ses lettres de noblesse à la gastronomie française et inspirera les plus grands.
Eugénie Brazier, la mère de tous les cuisiniers
Près de Bourg-en-Bresse, Eugénie Brazier est placée enfant, à la mort de sa mère, dans une ferme où elle garde vaches et cochons. Fille-mère à 19 ans, elle débute comme bonne à tout faire dans une riche famille lyonnaise.
C’est par ce biais qu’elle rencontre la Mère Fillioux et apprend les clés de la cuisine bourgeoise. Avec un premier restaurant à Lyon en 1921 à 26 ans seulement, puis un second en 1928 au Col de la Luère dans les Monts du Lyonnais, Eugénie Brazier marque déjà son temps.
Fond d’artichaut au foie gras, quenelle, gâteau de foie de volaille, poularde en demi deuil, sa cuisine séduit les plus gourmets de l’époque. Le critique culinaire Curnonsky l’adoube et le guide Michelin récompense ses deux tables de 3 étoiles en 1933. Du jamais vu, ni égalé pour une femme depuis. C’est elle qui formera les chefs Paul Bocuse et Bernard Pacaud.
Mathieu Viannay,
fils spirituel
En reprenant le restaurant « La Mère Brazier » en 2008, le chef Mathieu Viannay, Meilleur Ouvrier de France 2004, lui donne un écho contemporain. « Je suis rentré dans cette maison en douceur. Il fallait tout changer et ne rien changer en même temps. »
Une révolution de velours et deux étoiles plus tard, le restaurant continue d’écrire son histoire et l’essaime en donnant naissance aux épiceries comptoirs de Lyon et Paris, la version 21ème siècle des « porte-pot » d’Eugénie Brazier : un lieu de vie pluriel au service d’une gastronomie du quotidien.